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Colombie. Quand la communauté du cacao s’oppose la violence

 
18 novembre 2020   |   , ,
 
De Maria Gaglione – publié sur Avvenire le 23/05/2020

#EoF: les récits – En Colombie un groupe de cultivateurs a décidé de s’opposer la guerre, la drogue et l’exploitation du territoire. Depuis dix ans ils sont obligés de vivre sous protection.

Avec la participation de José Roviro Lopez Rivera, l’Économie de François bénéficie désormais du témoignage de toute une communauté colombienne, la Communauté de Pace San Josè De Apartadò. « Nous avons eu connaissance de l’événement The Economy of Francesco, indique José, grâce au groupe d’accompagnement international Operazione Colombia qui, depuis plus de 10 années, accomplit un travail de protection à notre encontre ». Au cœur des luttes intestines qui secouent la Colombie depuis plus de 50 ans, la communauté est née en 1997 du désir d’un groupe de citoyens de ne pas céder à la spirale de la violence et de la vengeance qui régnait autour d’eux. Depuis sa création plus de trois cent personnes ont perdu la vie et aujourd’hui encore des membres de la Communauté sont victimes d’intimidations et d’abus de la part de ceux qui cherchent à imposer leur contrôle sur leurs terres.

«Notre communauté est fondée sur la justice et la fraternité. Nous avons conçu et mis en pratique un nouveau style de vie, une nouvelle économie qui naît de notre non à la guerre ». La Communauté de Pace est une communauté autonome, formée de petits groupes qui cultivent sur des terrains communs des produits utiles à leur subsistance et du cacao biologique pour l’exportation. «  Le cacao est vendu au sein d’un circuit de vente équitable en Angleterre, Allemagne et Italie ; c’est un bien très précieux pour protéger notre terre et notre communauté ». José assure la coordination de l’équipe communication et de la vente du cacao.

« Chez nous la propriété privée n’existe pas et ce que nous réussissons à tirer de la vente à l’extérieur sert à garantir notre sécurité économique. Nous investissons surtout en formation et éducation. Nous avons conscience d’être des acteurs de changement qui sont entrain d’expérimenter une économie prophétique, surtout depuis la reconnaissance que nous avons reçue en novembre 2018 à l’occasion du rendez-vous international de Castel Gandolfo : Prophetic Economy. Nous devons lutter ensemble pour protéger notre maison commune, comme l’a demandé le Saint Père. Défendre la terre, freiner les progrès de l’extractivisme dans notre région. Choisir chaque jour la non-violence et avoir le courage de dénoncer toutes les violations des droits humains. Tel est l’héritage que nous voulons laisser à nos enfants ».

Dans ses règlements internes, la communauté a spécifié de ne pas prendre part au conflit armé, de ne pas transmettre d’informations ou d’aides aux groupe belligérants, de ne pas cultiver de coca ; elle demande à ses membres un engagement collectif pour opérer un système économique basé sur l’auto-suffisance alimentaire, économique, énergétique et éducative. Il s’agit par conséquent de défendre la vie, les droits humains, les droits des paysans, la terre et ses ressources, de lutter pour créer de nouvelles modalités : telles sont les motivations qui ont poussé à entreprendre un tel chemin et qui poussent à le poursuivre. C’est une vie difficile, avec un danger permanent – ça se lit dans les yeux de José – , mais «  la solidarité et la fraternité internationales qui nous accompagnent est notre grande force. Et puis il y a eux, les enfants et les jeunes, filles et garçons, qui grandissent avec la conscience que la Communauté de Pace représente une espérance pour le monde entier. Une espérance à entretenir chaque jour, ensemble ».

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