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Workshop

En Uruguay, on parie sur la paix

 
18 février 2020   |   , ,
 
Par Stefania Tanesini

Depuis 15 ans, le Centre « Nueva Vida » des Focolari mène une action sociale importante de soutien aux plus jeunes et à leurs familles dans un quartier de la périphérie de Montevideo (Uruguay). Nous en parlons avec Luis Mayobre, directeur du centre.

« Les jeunes sont le moteur de ‘Nueva Vida’ ; cette action sociale nous interpelle et nous stimule à ne pas perdre de vue ce qui est important, c’est-à-dire l’amour réciproque. Nous voudrions que cet amour soit la seule loi de notre centre ». C’est ainsi qu’a commencé Luis Mayobre, président du centre depuis presque le début, en 2004, lorsque l’archevêque de Montevideo a demandé aux Focolari de continuer à gérer un projet social lancé par une religieuse dans un quartier suburbain de la capitale uruguayenne.

C’est ainsi que naît « Nueva Vida », dont les objectifs sont inscrits dans son appellation : donner l’espérance d’un nouveau départ à ceux qui franchissent les portes du centre qui fait partie de l’association CO.DE.SO (Communion pour le développement social créée par les Focolari) et collabore avec l’INAU, l’Institut de l’enfance et de l’adolescence, un organisme public qui gère les politiques liées à l’enfance et à l’adolescence en Uruguay.

« L’année 2018 a été marquée par un climat de violence dans le ‘Barrio Borro’ – dit Mayobre – ; ce furent des mois d’angoisse. En raison de l’affrontement entre deux familles de narcotrafiquants rivaux, tout le monde risquait sa vie. Les personnes, ainsi que les éducateurs et le personnel de Nueva Vida, ont affronté avec courage les tirs incessants qui éclataient de jour comme de nuit. Nous avons dû doubler notre présence au centre parce que les familles nous le demandaient ; beaucoup d’entre elles avaient été cambriolées et leurs pauvres maisons étaient occupées par des narcotrafiquants ».

Comment vous êtes-vous comporté dans un climat aussi hostile ?

Nous nous sommes tournés vers le ministre de l’Intérieur ; comme la réponse tardait à arriver, nous avons dû accueillir et protéger certaines familles que nous avons ensuite orientées vers les services de l’État qui leur ont donné de nouveaux logements. L’une de ces familles – deux de leurs enfants participent aux activités de la maison des jeunes – avait été menacée de mort. Notre coordonnatrice a contacté une autre fille, dont l’aide n’était pas donné pour acquise parce qu’elle avait une relation problématique avec ses parents. Tout s’est dénoué de la meilleure des façons car elle a fourni une partie d’un terrain de sa propriété pour la construction d’une nouvelle maison, plus digne et plus sûre.

Je me souviens aussi d’un cas de violence familiale dont notre équipe a eu connaissance et qui a conduit à l’intervention des autorités pour protéger les enfants et la mère. Malgré les menaces et les insultes reçues, nous sommes allés de l’avant, en permettant à la famille de retrouver la paix et la sécurité.

Qui s’adresse au Centre et quels services offrez-vous ?

Nous réalisons trois projets : le CAIF, le Club des enfants et la Maison des jeunes. Dans ce climat de violence, nous nous sommes proposés d’être des bâtisseurs de paix, d’espérance et, surtout, de joie, pour vaincre la haine et la peur. L’environnement favorable qui a été créé a permis à 48 enfants de 2 à 3 ans et à 60 plus jeunes – de 0 à 2 ans – de participer à divers ateliers avec leurs mères. Nous avons également organisé des excursions éducatives pour créer des espaces de beauté et d’harmonie. Une expérience positive à laquelle ont également participé des familles dites “rivales”, dont les relations se sont considérablement améliorées.

Au Club des enfants, nous accueillons également 62 enfants en âge scolaire (de 6 à 11 ans). Nous nous engageons dans la lutte contre le décrochage scolaire et nous nous efforçons de faire en sorte que chaque enfant puisse accéder aux classes supérieures. Aujourd’hui, seulement 5 % des enfants abandonnent l’école, contre 36 % en 2004. Nous avons encouragé la tenue d’ateliers d’art, de musique et de loisirs pour sensibiliser les petits aux valeurs culturelles de la coexistence, à l’attention portée aux autres et à la ‘culture du don’. Nous nous sommes efforcés d’exclure la violence des styles de comportement. De plus, les cours de natation et les sorties favorisent l’apprentissage des soins corporels et de l’hygiène.

Dans la Maison des jeunes, nous accueillons 52 jeunes âgés de 12 à 18 ans. Cette année, environ 95 % des jeunes participent à des activités qui se déroulent en dehors des heures de classe, un objectif que nous nous sommes fixé depuis le début. Parmi eux 6 fréquentent le lycée, un grand succès puisque dans le quartier la moyenne ne dépasse pas les premières années d’école. Nous organisons également des ateliers complémentaires à leur formation tels que la couture, la menuiserie et la communication. Toutes ces activités sont menées sur une base volontaire par des membres des Focolari.

Quelle relation le centre entretient-il avec les associations qui travaillent dans la région ?

Au fil des années, un réseau s’est constitué avec toutes les institutions travaillant dans le Borro avec lesquelles nous collaborons et nous nous entraidons. Nous participons aussi à la vie de la paroisse de la région, NotreDame de Guadalupe. Le curé et un prêtre nous rendent visite une fois par semaine.

Des volontaires d’autres pays viennent aussi, comme cette année, Elisa Ranzi et Matteo Allione, des italiens qui ont laissé une marque profonde. Nous remercions toujours ceux qui nous aident. Leur collaboration est très importante pour soutenir une partie des activités que nous menons. Toute aide, aussi petite soit-elle, est précieuse.

Source: Journal Mariapolis 6/2019


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