United World Project

Workshop

#OnePeopleOnePlanet 2021

 
14 avril 2021   |   , ,
 
Par Lorena Locascio

Il reste dix jours avant la 51e édition de la Journée mondiale de la Terre. En Italie, nous travaillons sur le grand marathon #OnePeopleOnePlanet qui sera diffusé par Raiplay le 22 avril prochain de 7h30 à 20h30.  Nous en parlons avec Pierluigi Sassi, président de Earth Day Italia.  

Pierluigi Sassi, pouvez-vous nous dire en grandes lignes ce qui va se passer cette année, dans cette deuxième édition en ligne de #OnePeopleOnePlanet?

« L’année dernière, nous avons été surpris, comme le reste du monde d’ailleurs, par la maladie du Covid : nous avons dû interrompre les célébrations du cinquantième anniversaire de Earth Day, donc nous étions vraiment sous le choc. Quand, à un moment donné, nous avons vu le pape François constituer ce moment extraordinaire dans une place Saint-Pierre tragiquement vide[1], dans laquelle il a mis en exergue toutes les valeurs que nous défendions depuis cinquante ans, nous avons trouvé la force et le courage de faire un marathon multimédia, avec la RAI qui nous a donné une grande confiance. Ça s’est très bien passé et cette année se profile une deuxième édition qui ressemble à une consolidation de ce modèle.

Nous espérons vivement revenir à l’événement physique, parce que les relations humaines, la beauté d’un parc, des jeux, du sport,  etc., est incomparable; mais être capable de faire les deux choses signifie atteindre des millions et des millions de personnes. Cette année, nous le faisons également avec cette ferme conviction et détermination que, si nous le faisons bien, peut-être aurons-nous demain une arme de plus pour accélérer ces processus de développement durable.

Alors, que mettons-nous dans les ingrédients de ce mélange 2021? Tout d’abord, je dirais les jeunes, parce que, pour la première fois, les Nations Unies appellent les jeunes à se faire présents à la prochaine Conférence sur le climat[2]. Il faut penser que nous en sommes à la 26e conférence pour le climat depuis le premier grand sommet qui s’est tenu à Rio de Janeiro en 1992, où nous avons compris l’urgence de faire quelque chose pour la terre.  Depuis lors, les grands de la terre n’ont pratiquement rien obtenu, les chiffres ont toujours été pires, les promesses n’ont pas été tenues; fut également conclu l’accord historique de Paris en 2015  (motif pour lequel nous sommes devenus « village pour la terre » avec l’expérience de la Villa Borghese[3]). Mais les émissions de CO2 ont toujours augmenté, de même que le réchauffement climatique.

Donc, c’est un événement historique que de promouvoir les jeunes qui ont finalement levé la tête, commencé à exprimer leur requête, non seulement comme génération qui devra hériter de cette planète, mais aussi comme ceux qui peuvent opérer le changement – il ressente la chose dans leur peau -, c’est un

événement historique;  la COP Jeunes[4] est vraiment un événement historique, et nous travaillerons afin que les jeunes s’en rendent compte et que les grands de ce monde commencent à trembler un peu.

L’autre engagement consiste à faire avancer avec détermination les 17 objectifs de l’Agenda ONU 2030 pour le développement durable, autre majeur résultat de 2015, autre grande désillusion des Nations Unies, qui, régulièrement, n’atteignent pas ces objectifs. Et en ce sens, le dix-septième objectif- celui qui parle de partenariat- souligne combien il est important de s’unir pour trouver la force et les énergies nécessaires pour rejoindre les 16 autres objectifs. Nous avons pensé que construire des ponts vers 2030, créer des alliances internationales qui puissent représenter, dans notre modeste proportion, des éléments d’accélération; nous allons créer de nombreux points de contact avec les cinq continents, racontant de merveilleuses histoires de gens qui s’engagent dans tous les coins de la Terre, mais l’important est que l’on comprenne que l’union fait la force. Si nous mettons nos forces en commun, c’est une forêt qui pousse et fait peut-être un peu moins de bruit que l’arbre qui tombe, mais c’est certainement celle qui peut faire la différence.

La troisième chose que nous poursuivons est celle de l’innovation pour le développement durable, qu’on appelle innovability. Nous sommes convaincus que l’économie doit changer de l’intérieur pour cesser d’être prédatrice : nous ne pouvons plus espérer qu’un manager, qui a l’habitude de regarder ce qui se passe dans les titres en bourse, après avoir pris une décision ou une autre, change sa façon d’opérer simplement parce qu’il y a un problème de durabilité. Je m’y suis risqué pendant de nombreuses années, mais cela n’arrive pas, cela n’arrive tout simplement pas. L’innovation est plutôt ce moment où l’entrepreneur est devant une feuille blanche, prêt à décrire non seulement son modèle de business, mais aussi les règles du jeu : il est alors beaucoup plus sensible au thème de la durabilité. L’innovation est le grand défi de l’avenir. Nous devons donc tous être conscients que nos choix en matière d’innovation tracent es lignes de notre avenir et doivent le dessiner dans le sens du développement durable. Voilà les trois grands messages, alors que, naturellement, les ingrédients seront beaucoup plus nombreux, parce que 13 heures en direct, je vous l’assure, seront très riches de contenus ».

Quelles sont les nouveautés, les particularités de cette année par rapport à l’année dernière?

« Cette année, nous avons voulu insérer un module appelé VIP Very Important Planet, où les vips ne sont pas les gens que nous poursuivons pour obtenir un autographe, mais c’est la planète qui a besoin d’être aidé par ces personnes. Nous demandons donc à plusieurs personnages du monde du divertissement, du sport, de la culture artistique de nous soutenir avec des messages de sensibilisation. Cela nous aidera à rendre notre marathon beaucoup plus gai, parce que si nous parlons de choses importantes, nous risquons d’ennuyer quelques personnes; beaucoup de musique, beaucoup de choses amusantes, mais aussi visant à mobiliser et toucher les cordes du cœur de ceux qui nous écoutent : nous essayons ainsi de produire un peu plus de changement à travers ce jeu.

L’année dernière, devant le Colisée, nous avons réalisé ce moment magnifique où Zucchero Fornaciari nous a donné l’inédit en italien de la chanson de Bono Vox pour la pandémie; j’aimerais bien, aussi cette année, présenter un  « joyau » (une chose spéciale) comme ça. Nous travaillons sur ce qu’il sera possible de   réaliser dans un bel endroit, avec une atmosphère tout aussi belle, mais ce seront les secrets du marathon, on ne peut les révéler prématurément… ».

Nous sommes très curieux et, nous aussi, attendons le 22 avril pour le découvrir. Nous savons que cette année, il sera aussi question de #Daretocare, dans une partie dédiée à ce programme; que pouvez-vous nous dire à ce sujet… sans trop en révéler ?

« Pour l’instant, disons que la rencontre avec United World Project (UWP), donc la rencontre avec une mobilisation aussi importante, si répandue au niveau international, est une grande source d’espoir pour nous. Parce que voir tant de jeunes présents dans une centaine de pays qui s’engagent pour l’unité,  l’un de nos thèmes: #OnePeopleOnePlanet, en dit long sur le fait qu’il s’agit de la question d’une seule famille humaine, l’unité des gens avec une seule planète, d’où l’importance de sauvegarder notre terre: avoir trouvé cet esprit UWP a certainement été un très beau moment.

Ce réseau a apporté son soutien en termes de communication l’an dernier déjà, c’est un réseau extraordinairement engagé dans cette campagne #DaretoCare sur le thème du Covid, sur le thème de la solidarité qui en découle; nous, nous voulons parler de ces éléments à l’échelle internationale, en faveur du bien commun, de l’importance de s’unir pour atteindre des objectifs communs et protéger le bien commun. Remettre l’homme au centre et raconter ces histoires de courage et de fierté, aussi à faire le bien,   ce fut une très belle expérience. J’ai hâte de voir le produit final qui en sortira mais en bref… je flaire depuis longtemps l’odeur de quelque chose de très beau ».

Quelles sont les perspectives d’avenir, surtout quant à la sensibilisation sur les questions environnementales, à un moment où ces questions semblent si urgentes?   

« Je tiens à souligner pour tout le monde que nous n’avons pas cent mille possibilités d’inverser le parcours, nous en avons très peu et c’est une décennie, celle vers 2030, qui restera dans l’histoire pour le meilleur ou pour le pire: l’on s’en souviendra soit comme la génération qui a perdu sa dernière chance, soit comme celle qui a sauvé la planète en l’attrapant par les cheveux: il s’agit là des deux chances qui se jouent sur peu de temps, 10 ans, dont l’un est déjà passé. Jeunesse, regarde autour de toi et saisis toutes les occasions que nous avons de faire la différence, parce qu’il n’y en aura pas beaucoup, ni, probablement, ne seront entièrement suffisantes.

En outre, il ya des choix qui concernent chacun de nous et peuvent faire la différence. C’est quelque chose qui n’entre guère dans la culture, dans l’imaginaire collectif; presque tout le monde attribue la faute à quelqu’un d’autre: « mais que puis-je faire? », « Moi, je pourrais ne pas utiliser ce sac en plastique, mais qu’est-ce que ça change …. » Ce n’est pas vraiment comme ça: c’est juste !  il y a un système économique pervers qui fait la différence, mais il est aussi vrai que ce système macro-économique dépend de nous. Permettez-moi de vous donner un exemple: nous pourrions parler de voter par notre portemonnaie*, nous pourrions parler de changer nos modes de vie, nous pourrions parler de beaucoup de belles histoires dans lesquelles un individu a généré des changements chez beaucoup, mais la vérité est qu’il y a des domaines où cela est beaucoup plus évident. Par exemple, sur le thème de l’innovation, nous sommes à un moment historique, dans la quatrième révolution industrielle, la fameuse «industrie 4.0», dans laquelle les innovations sont digitales : elles nous arrivent à une telle vitesse et pression que nous ne sommes même plus en mesure de définir notre avenir.

En effet, l’innovation définit notre futur : dès que nous avons accepté Internet (Vive l’internet !), nous avons accepté un changement d’époque. Qui l’a décidé ? Personne ne l’a décidé. C’est un processus qui s’est transformé en mille processus toujours plus rapides, sans avoir le temps pour réfléchir; internet a complètement bouleversé la vie; aujourd’hui, Zuckerberg de Facebook frappe de la monnaie, ce sont les banques qui courent après lui parce que c’est lui qui décide des politiques financières; il change le monde et personne ne peut plus rien faire.

Pensons à être conscients de tout cela, en comprenant que nos choix ont un impact sur l’avenir, un gros impact sur nos modes de vie : c’est maintenant le moment de faire la différence. Si nous sommes sensibles à ce sujet, le monde peut aller dans la bonne direction. Alors, que la nature « explose » à nouveau, que la nature nous aide… Sur ça, je suis très confiant, même si, objectivement, l’irréversibilité des changements climatiques saute aux yeux de tous. Pourtant il est également vrai qu’existe l’adage  « Aide-toi et le Ciel t’aidera » : si nous réussissons à faire la différence, je suis convaincu que l’aide ne nous manquera pas pour sauver la planète ». 

[1]Référence au moment extraordinaire de prière en temps d’épidémie présidé par le pape François sur la place Saint-Pierre, le 27 mars 2020.

[2] Conférence Internationale sur les changements climatiques Cop26, Glasgow, Royaume-Uni, 9-20 novembre 2021.

[3] Il est fait référence à l’expérience née de la collaboration entre Earth Day Italia et le Mouvement des Focolare Italie, en partenariat avec d’autres associations, qui ont conduit à la réalisation du « Village de la Terre » à Villa Borghese, Rome, de 2016 à 2019.

[4] Il est fait référence à l’un des événements préparatoires de la Cop26, consacré aux jeunes, qui se tiendra avec le sommet Pré-COP, à Milan, du 28 septembre au 2 octobre 2021.


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