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Peindre la musique en vert

 
13 mars 2020   |   , ,
 

Les groupes, les chanteurs et des festivals entiers changent leur façon de penser les concerts et la musique live, afin de réduire leur impact environnemental. Est-ce le début d’un changement pour une industrie qui produit chaque année des tonnes de déchets et d’importantes émissions de dioxyde de carbone ?

Ils sont nombreux les groupes internationaux qui font déjà quelque chose pour protéger l’environnement : Pearl Jam, Green Day, Linkin Park, Dave Mathews Band, Muse, pour n’en citer que quelques-uns. Certains financent des associations ou fondations environnementales, d’autres sensibilisent à la protection de l’environnement, au recyclage des déchets ou à la durabilité. Mais qui pèse vraiment sur l’accélérateur, c’est le Coldplay. De fait, le groupe anglais fait des progrès sans précédent dans sa façon de concevoir la musique et les concerts.

En novembre 2019, ce groupe britannique a présenté son nouvel album à travers deux diffusions en direct du haut de l’ancienne citadelle d’Amman, en Jordanie. Ils se sont produits en deux concerts, au lever et au coucher du soleil, présentant les morceaux des deux parties dont est composé leur nouvel et double album : « sunrise » et « sunset ».  Pourquoi Amman ? Parce qu’au Moyen-Orient, normalement, les grands groupes ne présentent pas leurs disques, ils n’incluent même pas les pays de cette région dans leurs tournées. Ainsi, l’équipe dirigée par Chris Martin en a profité pour donner de la visibilité à ces lieux oubliés par l’industrie musicale.

L’initiative de Coldplay marque un changement de cap dans son histoire. Leur nouvel album « Everyday life » amène de vives critiques quant au manque d’empathie, mondial et individuel, à l’égard de plusieurs problèmes mondiaux encore non résolus, entre autres : la crise des réfugiés (« Daddy »), la discrimination raciale systématique (« Trouble in Town »), le désespoir de vivre en zone de guerre (« Orphans »).

Et puis, cerise sur le gâteau, ce fut l’annonce faite à la fin de la présentation de ce dernier album : « nous ne ferons pas de tournée mondiale ». Quelques mots simples qui vont à l’encontre du système universel de la discographie.  Car, comme Chris Martin l’a expliqué à la BBC, « Nous voulons que notre prochaine tournée offre la meilleure solution possible d’un point de vue environnemental (…) Nous serions déçus si elle n’atteignait pas le zéro-émission en carbone.  Notre rêve est de faire des concerts sans plastique jetable et alimentés en grande partie par énergie solaire ».

Après cette annonce, un autre groupe britannique, Massive Attack, et la chanteuse Billie Eilish ont rejoint l’initiative, afin que leurs concerts soient « aussi verts que possible ».

En Italie, l’été dernier, Jovanotti, l’un des chanteurs les plus connus et populaires de la péninsule, a fait une tournée révolutionnaire, présentant son nouvel album à travers une sorte de festival d’une journée sur les plages des côtes du Bel Paese. Avec l’imposante et grandiose mise en scène, la chose qui a le plus frappé fut son engagement à la protection de l’environnement.

Toutes les plages de la tournée – plus le Plan de Corones, un haut-plateau à 2300 m d’altitude, dans les Dolomites – étaient rendues presque impeccables à la fin du spectacle. Ce choc visuel positif fut le résultat de la gestion des déchets avec de nombreuses « îles écologiques », au moyen de la collecte séparée de papier, métal, résidus organiques, plastique, PET (bouteilles en plastique jetables) et déchets autres : ce fut réalisé grâce à la collaboration de bénévoles de plusieurs organisations environnementales.

Le public change, les artistes changent … les festivals changent

En ce qui concerne les concerts, bien sûr, l’un des éléments qui a le plus d’impact sur les émissions de carbone sont les voyages : les transferts des groupes, de leur équipement, celui des milliers de personnes qui assistent aux concerts. Sans compter l’énergie électrique exigée pour mettre en scène ces grands spectacles : la puissance du son, les lumières scintillantes, les manœuvres – peut-être superflues ? – pour faire évoluer l’artiste dans une voiture volante ou faire pleuvoir sur scène, ceci parmi une infinité de merveilles visuelles qui coûtent des millions et nuisent à la nature.

Cependant, peu à peu, la logique de ces événements gigantesques évolue, comme à Glastonbury  par exemple, le plus grand festival du monde, qui se lance à un petit pas, indispensable : interdire la vente de plastiques jetables. D’autres festivals mettent en œuvre l’utilisation de lumières LED en raison de leur durée de vie plus longue et de leur plus faible consommation d’énergie. Des groupes construisent leurs scènes en recyclant le plastique, et certains vont encore plus loin, utilisant l’énergie solaire, en tout ou en partie, pour leurs spectacles.

Ce sont là quelques-unes des mesures prises, qui deviennent contagieuses et nécessaires dans l’industrie de la musique. Mais le dernier, et peut-être le plus important, maillon de la chaîne, c’est nous, le public qui peut imprimer le rythme du changement. Il est possible de commencer par des choses très simples, comme apporter sa propre bouteille-gourde pour éviter l’utilisation de verres ou de bouteilles jetables, ou utiliser les transports en commun pour rejoindre la ville de l’événement et le spectacle lui-même.

Un grand changement est en cours. Prendre soin de l’environnement, de la part de l’industrie de la musique, n’est plus seulement apprécié, cela devient obligatoire et commence par chaque participant, qu’il soit sur la scène ou devant.


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