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Courir à en perdre le souffle : l’opportunité offerte par le Centre Sportif Italien

Le CSI a complété 80 ans en 2024. Il fait partie des institutions italiennes les plus actives pour promouvoir la pratique du sport, qui soit aussi occasion de rencontre et d’un regard sur le monde, d’où émane paix, solidarité et fraternité.
Quatre-vingts ans, et ne le paraissant pas ! C’est ainsi que l’on pourrait définir les bougies que le Centre Sportif Italien (CSI) a soufflées l’année dernière pour célébrer huit décennies de vie au service d’un sport inclusif et solidaire. Sa fondation remonte à 1944, mais ses racines s’enfoncent encore plus profondément dans le temps, à plus de cent ans, alors qu’en Italie existait une fédération des associations sportives catholiques ; toutefois, le sport était encore un phénomène impliquant peu de personnes.
Puis, au fil du temps, surtout avec l’avènement de la Seconde Guerre mondiale, fut mise en évidence la nécessité d’une éducation intégrale, qui avait dans le sport un instrument de croissance humaine, de dialogue, de relation pour tous. C’est ainsi que le 5 janvier 1944, à la veille de la libération de Rome des troupes allemandes, la direction générale de l’Action catholique approuva la proposition de Luigi Gedda (1902-2000), professeur de génétique médicale et ancien président de l’Action catholique, d’entreprendre la création d’un organisme spécialisé pour le sport, sous le nom de Centre sportif italien (CSI). Le principe cardinal sur lequel repose encore aujourd’hui l’association est simple : le CSI est promu par des chrétiens, mais ouvert à tous, et collabore avec ceux qui s’engagent pour un sport au service de l’homme, de la femme et du bien commun.
Le sport comme instrument de renaissance après la guerre
Le CSI a fait ses premiers pas dans une Italie encore divisée en deux, entièrement à reconstruire après la guerre – les installations sportives, elles aussi, portaient les stigmates de la guerre qui venait de se terminer – et où il se faisait de plus en plus pressant de donner des encouragements à reprendre confiance et espoir en un avenir meilleur : le sport était l’un des moyens. Il continue de l’être aujourd’hui, à une époque où la pratique sportive est devenue un phénomène de masse.
Actuellement, le CSI, fort de son réseau de plus de 13 000 clubs sportifs dans le pays, assure la promotion du sport comme moment d’éducation, de croissance, d’agrégation sociale au service des personnes et du pays, répondant à une demande de sport non seulement numérique mais qualifiée sur le plan culturel, humain et social. Depuis toujours, les jeunes constituent son principal point de référence, bien que les activités sportives proposées s’adressent à tous les groupes d’âge, aidant à prévenir des pathologies sociales, telles la solitude, les peurs, les craintes, les doutes, les déviances des plus jeunes, de même permettant à chaque athlète de découvrir le meilleur de lui-même, d’apprendre à connaître son corps, de le valoriser, de l’estimer.
La valeur du sport pour la paix et la justice sociale
Son regard ne s’est pas arrêté en Italie, mais a porté un peu plus loin, grâce au projet CSI Per il Mondo, en essayant de soutenir la pratique du sport dans ces pays du monde où la guerre et la pauvreté brisent tous les rêves et risquent de contrecarrer tous les efforts, en restituant aux jeunes et à leurs communautés un droit au sport qui soit divertissement mais aussi opportunité de paix et développement. Les projets en ce sens sont innombrables, impliquant des communautés au Cameroun, en Zambie, à Madagascar, au Burundi, en Ethiopie, au Pérou, au Bangladesh. Dans ces pays, selon les demandes des différentes communautés, avec l’appui des organes missionnaires, des ONG et des institutions locales, CSI per il Mondo organise des cours de formation pour entraîneurs, dirigeants, éducateurs sportifs et arbitres ; il assure aussi l’animation sportive pour les jeunes, des événements sportifs à but éducatif et des activités dans les prisons, fournissant ainsi une expérience unique et enrichissante à ses volontaires.
Existent aussi des « jumelages » actifs entre les sociétés sportives italiennes affiliées et les paroisses, villages, diocèses aux périphéries du monde : de véritables initiatives de projets qui, comme première action, prévoient une rencontre entre les responsables de ces sociétés et les institutions identifiées à travers un voyage de reconnaissance dans les différents pays.
Enrico Mastella, quant à lui, travaille depuis des années en tant que volontaire à la prison de Vicence, en Italie, où il est responsable, depuis 1999 jusqu’à aujourd’hui, du Progetto Carcere Sport Insieme (trad. : Projet Prison Sport Ensemble). Il s’agit d’une initiative qui promeut des activités sportives à l’intérieur des prisons en tant qu’outil de rééducation et de réinsertion sociale des détenus. Elle implique également des agents des polices pénitentiaires, des magistrats, des citoyens et des bénévoles, créant ainsi une occasion de rencontre et de rédemption. Un engagement constant et quasi quotidien, grâce auquel, ces dernières années, Enrico a mis plus de 14 000 élèves et 400 écoles de Vicence et région en contact avec le monde dur des prisonniers, grâce, bien sûr, au soutien de la direction et des agents carcéraux, des écoles et du personnel enseignant.
Grâce aussi à la sensibilité humaine que certains prisonniers manifestent auprès des étudiants et des enseignants en visite; parvenus à la conscience douloureuse de leurs erreurs, ils veulent transmettre « le sens ou plutôt le non-sens » de leurs comportements passés. Avec cette « transmission » d’expériences et de sensations douloureuses, ils font un pas en avant dans leur récupération comme citoyens.
Il y en aurait à raconter des aventures au long de ces quatre-vingts années, au cours desquelles, selon ce que dit la plupart, il semble que la CSI se soit engagée dans une course à en perdre le souffle, qui ne veut laisser vraiment personne de côté.